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Muleta,
cape, banderilles, palette, toile, pinceaux, autant de mots-outils
qui sont rangés dans l'atelier de Françoise
Raffy, mais ils sont là, comme le taureau dans le toril, prêts à bondir,
prêts à porter l'estocade, tendus dans le silence de l'espace
de création comme une corde de guitare de flamenco. |
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A
côté des tubes, des pots, des pigments du fusain, attendent
les muscles, la sueur, le sang sur les petites arènes des tables
de travail, face aux cadres en gradins. |
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Goya,
Picasso, Mithra, autant d'autres noms qui dirigent les gestes de cette
artiste avec violence et sensualité vers
la mort au soleil, le sacrifice sans autel, le combat sur chevalet. |
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Tauromachie... Cet
art qui fait peur à nos mentalités nordiques,
loin du bleu méditerranéen, chez Françoise Raffy,
cet art devient mouvement souple, où ne surgit que l'essentiel
entre la lourdeur terrestre de la bête et le ballet aérien
de l'homme - le torero - où la pointe de la corne blanche
frôle
le mollet tendu, où le noir rencontre l'or, le rouge imbibe
l'ocre du sable.
Odeurs, lumières, cris, attente, où l'on retient son souffle
pour entendre celui de l'animal-vedette, de l'animal modèle...
Grâce
contre force ? Qui contre qui ?
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Alors,
comme il s'agit de peinture, il s'agit de regards, d'échange
: on scrute les toiles, le taureau épie les yeux du toréador,
des belles aficionadas...
Le crayon glisse sur le papier, le pinceau frotte la surface vierge,
griffe comme le sabot dans le sol.
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Tous
guettent, pour se lever et hurler, le moment de l'affaissement, de
l'oeil blanc;
attirance, répulsion - attente, observation - et sur le tableau,
c'est maintenant la main qui caresse le dos de la bête, qui simplifie,
minimalise pour nous toucher plus encore...
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Tauromachie
et peinture sont des arts de tension, de paroxysme et Françoise
Raffy sait nous faire voir très loin derrière l'anecdote,
nous transporte vers des racines que l'on croyait perdues.
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La
diversité des dimensions, des cadrages, des matières,
des espaces, des voies explorées fait naître des émotions
secrètes, des élans et des désirs loin de notre
quotidien.
Et
sans qu'on l'ait vu arriver, le soleil carmine le ciel, se couche sous
les pâtures
où sommeillent d'autres oeuvres.
Texte de Jean Paul Minot.
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